Ecoirage

Auteur : Eric Gallais                                                            21/12/2014

 

ECOIRAGE

 

Depuis les temps les plus anciens, les mariniers utilisent pour amarrer leur bateaux, dans certaines circonstances, un accessoire appelé écoire. Il s’agit d’une perche (environ une dizaine de m) équipée à son extrémité d’une ferrure lui permettant de s’ancrer dans la berge sans déraper.

Ce système est utilisé, principalement, lors d’amarrages provisoires le long d’une berge ou d’un perré incliné. Ce système peut également être utilisé pour maintenir à distance de la rive un bateau en stationnement longue durée, voire permanent.

Il existe une grande variété de  dispositifs utilisés pour cette fonction. Il suffit de  se promener le long de berges ou de quai où stationnent des bateaux pour s’en rendre compte. Dans cette fiche on ne traitera pas de la question des amarrages de façon exhaustive.. De plus, des conditions locales, topographiques, environnementales, patrimoniales ou liées aux caractéristiques du bateau, font que chaque cas est un cas particulier qui demande une réponse spécifique.

En 2012 l’ADHF-F a commandité auprès d’un cabinet d’architecture, XY, et auprès d’un bureau d’études, Bief, une étude pour valider un projet d’amarrage utilisant un ponton cylindrique lui-même écoiré. Cette étude est toujours consultable sur le site de l’association. Ce dispositif présente l’avantage d’éviter l’implantation de pieux, solution parfois incompatible avec le site et de toute façon très onéreuse.

Le 29 Mars 2012  le CA de VNF a adopté un « règlement fixant les conditions d’occupation du Domaine public fluvial par des bateaux-logement et des bateaux de plaisance à usage privé ».

A l’article 1.03.2 : formalités, il est indiqué que, pour une demande d’occupation, le demandeur doive fournir, parmi d’autres documents, au point f de cet article : « un plan de configuration de l’emplacement faisant apparaître la position du bateau (échelle 1/500 ème minimum) et représentant les dispositifs d’amarrage et d’accès à la berge ».

Au point 4.02 : Sécurité

« L’amarrage est établi suivant les prescriptions des représentants autorisés de Voies Navigables de France. Il doit s’effectuer exclusivement sur les organes prévus à cet effet : bollards ou anneaux, pieux ou ducs d’Albe, écoires. L’amarrage doit permettre au bateau de suivre les variations du niveau de l’eau jusqu’aux plus hautes eaux connues et supporter la force du courant »…..

Ce qui se traduit concrètement  par une demande de l’administration de fournir une « note technique d’amarrage », au propriétaire du bateau concerné.

Il faut savoir que pour l’administration de VNF, une note technique d’amarrage est constituée principalement d’une « note de calcul » destinée à définir les échantillonnages des éléments constitutifs du dispositif d’amarrage. Il faut donc qu’un expert fasse ce travail d’évaluation des forces et contraintes mise en jeu pour des valeurs de courant ou de PHEC qui sont les valeurs locales enregistrées par l’administration. Implicitement, est faite l’hypothèse que ce sont des conditions extrêmes qui de ce fait recouvrent tous les cas de figure possibles. A l’évidence pour quelqu’un qui a habité sur l’eau pendant quelques années ce n’est pas le cas. Bien d’autres situations sont problématiques (comme l’absence d’eau lorsque le niveau de l’eau descend sous le niveau d’étiage), alors que la crue, pour un bateau bien amarré, est un évènement anecdotique. De plus l’administration demande une note de calcul mais se garde bien de la valider, laissant ainsi à l’expert toute la responsabilité en cas d’un éventuel incident ultérieur.

Quoi qu’il en soit, le bateau doit pouvoir monter et descendre avec le niveau de l’eau sans se retrouver sur le quai ou sur la berge. Nous présentons ci-dessous un dispositif à base d’écoires qui permet de gérer ces situations.

Il est supposé pour l’explication suivante que des anneaux ou des bollards d’amarrages préexistent sur la berge à une distance convenable par rapport à la longueur du bateau. Convenable signifie ici que lorsque le bateau est écoiré et amarré, les amarres font un angle avec la berge qui ne dépasse pas 45°. Si tel n’était pas le cas il faudrait intégrer cette question dans le travail de conception du dispositif.

L’idée fondamentale qui oriente la conception des différents éléments est que lorsque tous ces éléments (écoires, amarres) sont en place, ils doivent appartenir tous à un plan, charniéré autour de l’axe défini par les deux anneaux d’amarrage. C’est donc sur cet axe très précisément que doivent se trouver les articulations à terre des 2 écoires. La précision est nécessaire si on souhaite que, lors des variations de niveau, on n’ait pas à reprendre le réglage des amarres. Dès lors, lorsque l’eau monte, le bateau monte également en se rapprochant de la berge ou du quai,  le plan tourne autour de la charnière. Lorsque l’eau redescend le plan tourne en sens inverse et écarte le bateau de la berge ou du quai, ce qui est le but recherché.

Schéma d’un amarrage sur écoires

ecoirage

Si tel est le dispositif choisi, il reste à répondre à un certain nombre de questions :

Quel dimensionnement pour les massifs en béton des anneaux ou des articulations d’écoire ?

Quel dimensionnement pour les câbles ou cordes d’amarrage ?

Quel échantillonnage pour les tubes servant à la réalisation des écoires ?

Comment concevoir les articulations des écoires que ce soit coté bateau ou coté rive ?

Eventuellement quelle passerelle fixe ou mobile prévoir

….

Il n’est pas possible de répondre à toutes ces questions sans avoir plus d’informations sur le cas concret à traiter : déplacement du navire, PHEC et courants de crue, nature et topographie de la rive,…

C’est à partir de ces données qu’un expert pourra réaliser une note de calcul  permettant d’espérer un bon comportement de l’amarrage du bateau dans diverses situations et accessoirement de compléter le dossier administratif demandé.

Par rapport au système d’écoirage sur ponton cylindrique, ce dispositif a l’avantage de minimiser les risques d’embâcle de déchets divers lorsque la rivière est chargée et de conserver un bon réglage de tension des amarres lorsque le niveau de l’eau varie.