Mais où est donc cette voie d’eau ?

 

Auteur : Eric Gallais                                            16 Janvier 2015

Voilà une question qui se pose parfois, au chantier ou à flot.

On a constaté la présence d’eau dans les fonds et donc l’objectif est de localiser la voie d’eau pour y remédier.

Cette question peut paraître très simple pour quelqu’un qui ne s’y est jamais trouvé confronté concrètement.  Dans la pratique, elle se révèle être parfois très problématique.

La localisation des voies d’eau :

Il y a cependant des situations où les réponses sont immédiates : le bateau est sorti en chantier, après nettoyage au jet d’eau sous pression, une zone reste humide et parfois des gouttes tombent sur le sol.

Souvent la situation est plus complexe : le bateau est en cale sèche, nettoyé, séché, il y a de l’eau dans les fonds mais rien ne suinte à l’extérieur.

Un expert est appelé mais il ne peut pas faire des miracles : une entrée d’eau ce peut être un rivet qui fuit (il y en a environ 100 000 sur un 38,5m), une infiltration microscopique entre 2 tôles disjointes…..

De fait, dans les cas difficiles ce n’est pas comme cela que l’on peut espérer trouver des réponses. On doit en effet commencer impérativement cette recherche de voie d’eau lorsque le bateau est à flot.

En effet on ne peut espérer trouver la voie d’eau lorsque le bateau est à sec qui si elle se situe dans la zone  couverte par les eaux stagnant dans les fonds. Dans tous les autres cas, comme par exemple une fuite en bordaille, entre la cornière d’encouturement et la flottaison, on ne verra aucun suintement.

Donc le point de départ de cette recherche de voies d’eau se situe impérativement lorsque le bateau est à flot.

Une deuxième condition est que l’on puisse accéder aux fonds et à la bordaille, en eau, pour que l’on puisse détecter les écoulements indésirables.

On va peut-être réaliser à ce moment que les eaux stagnantes dans les fonds proviennent d’une fuite d’un circuit d’alimentation ou d’évacuation de l’eau domestique et si tel est le cas, il n’est pas nécessaire de prévoir une sortie en chantier.  La visite d’un plombier résoudra le problème.

Lorsque les fonds ne sont pas accessibles, le problème se complique. C’est souvent le cas quand le bateau a été aménagé en logement sans que cette éventualité soit prise en considération : pas (ou peu) de trappes de visite, construction à même le tillac le rendant indémontable…

Dans ce cas le diagnostic peut devenir difficile voire impossible.

Lorsqu’il est impossible de casser tous les aménagements réalisés (en particulier lorsque le propriétaire s’y refuse), on peut tenter de localiser les entées d’eau en

1) découpant des trappes permettant de pomper l’eau des fonds au maximum

2) perçant des trous (14 à 16 mm) répartis judicieusement, pour introduire un endoscope dans le but de déceler des ruissellements éventuels.

Si ces mesures ne suffisent pas,  le propriétaire devra se résoudre à casser le plancher et démolir le vaigrage de telle sorte qu’un contrôle visuel  soit possible sur toute la surface de fond ou de bordaille potentiellement incriminée.

Que ceux des propriétaires de bateau qui n’ont pas encore commencé les travaux d’aménagement intérieurs en tirent la leçon et prévoient des accès aux fonds faciles et nombreux.

Cet accès visuel est important pour une autre raison : il faut pouvoir contrôler le bon état des liaisons varangues/membrures aux tôles de la coque. En effet la poutre que constitue une péniche n’a de résistance que si l’intégrité de ces liaisons est respectée. Il n’est pas acceptable que les fonds du bateau baignent dans l’eau, et donc rouillent, sans qu’un contrôle visuel ne soit possible.

La réparation :

Comment, dès lors qu’on a localisé l’origine des voies d’eau, peut-on réparer ?

La pose d’une doublante est une solution elle n’est pas idéale : si par la suite la tôle doublante est elle-même attaquée par la rouille au point d’être percée, la circulation de l’eau devient compliquée. Elle peut entrer dans la doublante à un endroit et ressortir dans le bateau à travers la tôle d’origine 2m plus loin.

On peut même imaginer que pour une doublante posée  de telle sorte qu’une cloison étanche passe dans la zone doublée, l’eau pénètre, suite à des corrosions, d’un côté de la cloison, passe entre la tôle d’origine et la doublante et ressorte de l’autre côté de la cloison. Un vrai casse-tête en perspective.

2 enseignements à en tirer :

  • Arrêter les doublantes au droit des cloisons étanches pour ne laisser en ce lieu que des cordons de soudure.
  • Autant que possible éviter les doublantes, c’est-à-dire préférer une découpe de la tôle ancienne pour la remplacer par une tôle neuve. On contrôle ainsi la liaison avec les varangues/membrures.

Signalons à cette occasion que les triplantes sont en voie d’être interdites pour des raisons que l’on peut imaginer.

Un propriétaire pourrait être tenté par un doublage partiel ou intégral des œuvres vives. Cela résoudrait  les problèmes d’entrée d’eau mais laisserait de côté la question de la liaison de la peau avec la charpente.

One thought on “Mais où est donc cette voie d’eau ?”

  1. Bonjour,
    Voici une idée pour repérer un fuite sur une doublante:

    Repérer le point d’entrée d’eau à l’interieur. Y fixer une valve (type valve de chambre à air), en bricolant un dispositif fixation (soudage, collage ). Mettre en pression, à l’air comprimé, l’espace entre la coque et la doublante. Si une seule perforation de la coque, l’air sortira, peut être à l’autre bout du bateau, par la fuite de la doublante. Si plusieurs points d’entrée vers l’intérieur (perforations de la coque) on les repérera ainsi. Les boucher au fur et a mesure.
    Avant réparation, on peut penser assécher cet espace par un flux d’air sec ( voir d’azote, je travaille à l”Air liquide!!), avant de refermer.
    Jacques

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