Etarquage

 

 

ETARQUAGE

Tous les voileux connaissent bien ce concept : c’est par ce biais que l’on peut tendre (raidir) une drisse par exemple, sans passer par un winch. Il faut pour cela bloquer la drisse sur un taquet avec la main gauche et tirer fortement avec la main droite perpendiculairement à la drisse. Quand la drisse est bien rectiligne l’effet de démultiplication est puissant mais dès qu’un angle se forme, l’effet diminue. On « reprend le mou » au taquet et l’opération est répétée jusqu’à ce que la voile soit bien sous tension, dans sa position finale.

Cet effet démultiplicateur est la conséquence d’une caractéristique des forces : ce sont des grandeurs vectorielles qui se combinent selon des modalités particulières représentées par le schéma ci-dessous pour lequel :

 

 

etarquage

La corde  est accrochée en A et B, deux points fixes, O est le point de la corde où s’exerce la force F.

Il en résulte une tension sur la corde représentée par OT1 ou OT2. La longueur de OT1 par rapport à celle de OF donne le facteur de démultiplication.

Dans le cas de la figure ci-contre le rapport de démultiplication est de l’ordre de 5 à 6. Lorsque les circonstances s’y prêtent il est plus rapide d’opérer de la sorte plutôt que de mettre en place un autre dispositif : palan, treuil…

L’étarquage peut être utilisé pour raidir un amarrage, déplacer une charge ou tout autre usage où la force qu’une personne est capable de produire n’est pas suffisante.

 

 

 

Dans d’autres situations cet effet multiplicateur de l’étarquage peut avoir des conséquences négatives parfois critiques. Ainsi il y a maintenant quelques années un câble de section respectable était tendu entre les rives,  en amont d’un barrage, en région Île-de-France. Ce câble avait pour fonction de retenir des bateaux qui, pour une raison ou pour une autre, auraient raté l’entrée de l’écluse.

Le jour ou le cas s’est produit, en période de crue, 2 bateaux à couple, du fait des courants violents à proximité de  l’écluse, ont raté son entrée et se sont retrouvés dans le câble. Lequel a cédé sous l’effet démultiplicateur décrit ci-dessus. Par miracle les bateaux se sont retrouvés accrochés à un filet et le courant a ramené le convoi le long du quai où un amarrage d’urgence a été effectué.

Depuis un autre dispositif a été mis en place. Il tient compte de cet effet en n’étant plus tendu entre les deux berges. De ce fait, lorsque le dispositif doit fournir son effort maximum, le câble fait un angle important (au niveau du point O) ce qui diminue d’autant l’effet démultiplicateur.

De plus des éléments supplémentaires ont été rajoutés (tonnes, câbles introduisant une élasticité) pour freiner progressivement le bateau dérivant dans le but d’éviter un effet de choc ce qui pourrait induire des forces momentanément très importantes.

Reste à tester ce nouveau dispositif au feu de l’expérimentation, mais à notre connaissance aucun bateau ne s’est porté candidat à ce jour.

Il est fort probable que ce dispositif défaillant avait fait l’objet d’une de ces « notes de calcul » chères à l’administration qui gère les voies navigables.

La morale que l’on peut tirer de cette histoire est que ces modèles mathématiques servant à l’élaboration des notes de calculs n’ont de validité que tant qu’ils n’ont pas été pris en défaut. Et que  tout compte fait c’est l’expérimentation  qui permet de valider ou d’invalider un modèle.

Voilà un point de vue qu’il n’est pas toujours facile de faire entendre

 

 

 

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